Anne Lataillade, célèbre blogueuse de Papilles et Pupilles, nous emmène à la rencontre de Véronique Barthe, du Château La Freynelle, une femme libre.
Véronique Barthe est à la tête du Château La Freynelle depuis 1991, année de sa première vinification. Elle produit sur les 77 hectares que compte la propriété du blanc, du rouge, du rosé et du Clairet.
Elle vient de remporter 3 oscars des Bordeaux de l’été (une première dans la compétition) pour ses 3 vins en compétition (le blanc, le rosé, le clairet). Chapeau bas.
Je vous propose de venir à sa rencontre.
Anne
Véronique, vous êtes viticulteurs de père en fils dans la famille depuis la révolution française. Est-ce que quand vous étiez enfant, vous vous disiez que vous alliez prendre la relève ?
Pas du tout. Une fois mon bac en poche, je suis partie 1 an aux USA et en suis revenue avec 2 idées de business : la livraison de pizza et le lavage de voitures.
Anne : Effectivement, on est loin de la viticulture.
Tout à fait. Ma mère m’a alors conseillé de reprendre mes études et j’ai fait un IUT compta-gestion à Toulouse pour acquérir les bases. A cette époque, maman m’a dit, puisque tu aimes développer les projets, tu pourrais peut être pendant ce temps nous aider, il y a plein de choses à faire sur la propriété.
Et là, elle m’a eue 😉 C’est ainsi que j’ai mis le pied dans l’entreprise familiale. Je suis la première fille à sa tête.
Vous y produisez plutôt du blanc ou plutôt du rouge ?
2/3 du vignoble sont dédiés au rouge. Nous avons comme cépages du Merlot, du Cabernet Sauvignon et du Petit Verdot
1/3 est en blanc avec de la Muscadelle, du Sauvignon blanc et du Sémillon.
Nous produisons environ 400 000 bouteilles chaque année.
Qui sont vos clients ?
J’ai tendance à dire que je vends à « qui qu’en veut » ☺ ☺ ☺
Nous ne sommes pas arrêtés sur un canal précis de distribution même si nous évitons la GMS car le Château La Freynelle n’a pas une assez grande notoriété pour y faire sa place. Nous avons donc choisi le secteur traditionnel. Notre plus gros marché est outre atlantique. Nous commercialisons en effet beaucoup aux USA (environ 25% de nos ventes). La France ne représente que 10%.
Nous vendons en bouteilles mais nous pouvons aussi vendre en vrac si besoin. Je ne m’interdis rien et ouvre en grand le champ des possibles.
J’ai vu que vous aviez été précurseur concernant les capsules à vis. Qu’est ce que vous apporte ces capsules à vis ?
Tout à fait. Comme je le disais précédemment, rien n’est interdit. On va souvent là où les autres ne vont pas. Nous faisons aussi des demi bouteilles par exemple. Nous essayons de répondre aux besoins des gens.
En fait j’ai commencé la capsule à vis il y a une dizaine d’années car c’était une demande du marché américain. Je me suis dit : « s’ils veulent de la capsule à vis, je leur en vends. » Ils auraient demandé des bouteilles carrées c’était pareil. Je trouve que pour nos styles de vins basés sur la fraîcheur, sur le fruit, avec des tanins très ronds, cela ne pose aucun souci.
Cela a beaucoup d’avantages car les bouteilles deviennent très faciles à ouvrir, il n’y a pas de problèmes de stockage et aucun goût de bouchon.
Toutefois il y a des gens qui n’aiment pas du tout et nous continuons d’utiliser les bouchons en liège. Nous avons 2 stocks de chaque vin. Cela nécessite beaucoup de place.
Peut-on dire que le métier a beaucoup changé ?
Oui, tout a changé : la culture de la vigne, la communication, les méthodes de commercialisation. Du temps de mon père par exemple nous vendions en vrac à un négociant. Vu la taille de la propriété, j’ai eu envie que nous ayons notre propre chai et que nous vendions en bouteilles. Nous devons toujours améliorer la qualité de nos vins en ayant en tête les coûts de production. Nous vendons ici entre 6 et 10,50€ la bouteille pour notre cuvée Emotion, la plus chère (seulement 8000 bouteilles par an).
Ce qui n’a pas changé, c’est que nous sommes toujours tributaires de la météo : pluie, grêle, orages, sécheresse…
Vous êtes plutôt rouge ou blanc ?
Les 2. C’est impossible de choisir. C’est comme si vous me demandiez si j’aimais plus mon fils ou ma fille.
Rosé ou clairet
Clairet : La palette aromatique est beaucoup plus intéressante que les rosés pales qui sont à la mode actuellement mais force est de constater que vous ne pouvez pas ramer à contre courant. Les gens quand ils voient du clairet pensent que c’est plus fort, plus chimique, plus tout.
Moi je leur dis que c’est tout simplement « plus bon » ☺ ☺ ☺ Nous avons quelque chose d’unique mais nous peinons à le commercialiser.
Bouteille ou bib ?
Bouteille. Quand les gens achètent du bib, c’est un peu comme s’ils achetaient du vrac. Moi je souhaite qu’ils achètent du La Freynelle.
Vin d’assemblage ou vin de cépage ?
Assemblage, surtout sur les blancs. Il n’y a aucun intérêt à faire un pur sauvignon. Nos cépages s’assemblent merveilleusement bien et cela apporte de la complexité. Toutefois, si vous voulez faire vieillir, mettre en barrique, c’est différent. Ce n’est pas le cas pour l’instant du Château La Freynelle même si je fais quelques tests.
Côté Bordeaux, vous êtes plutôt …..
Bassin ou Cap Ferret ?
Soulac ! J’ai appris le bassin très tard. J’aime bien le Ferret mais j’ai un vrai coup de cœur pour Soulac sur Mer. Nous y avons une maison familiale et j’y allais tous les étés quand j’étais enfant. Il y avait tous les cousins, c’était génial.
Alose ou lamproie ? Cannelé ou dune ?
Impossible de choisir pour Véronique car elle adoooore manger ☺.
J’en ai profité pour lui demander ses bonnes adresses :
– Le Caffe cuisine à Branne ! C’est excellent et tout est fait maison. J’y vais très souvent et je n’y ai jamais mangé la même chose. Caffe Cuisine – 9 Place du Marché, 33420 Branne.
– La Cabane 57 à Piraillan. C’est un endroit absolument magique et Sylvie qui tient la cabane est l’âme du lieu. Cabane 57 – 40 Rue du Littoral, 33950 Lège-Cap-Ferret.
Pour conclure, 1 mot qui symbolise le vin pour vous?
Pour moi le vin c’est la convivialité, le plaisir, la fusion, l’amitié.
Merci Véronique !
Vignobles Barthe – Château La Freynelle – 9 Peyrefus, 33420 Daignac
